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La violence morale, c'est transformer insidieusement et durablement l'être que l'on dit aimer en objet. C'est lui faire comprendre, jour après jour, qu'il n'est rien. C'est permettre à l'auteur d'avoir droit de vie et de mort, de joie et de malheur, sur sa victime. C'est apprendre, en tant que victime, que l'on n'est pas vraiment cette personne drôle, affectueuse, pleine de joie de vivre, énergique que l'on croyait être. On ne sait plus qui on est. On n'est plus que malfaisance, nullité, nocivité, destruction et négativité, fétu de paille balancé au gré des bourrasques voulues par l'auteur, à la merci de ses humeurs. Nous devenons des non entités dysfonctionnelles, des êtres exsangues, fragilisés, dépressifs, détruits même après un départ réalisé dans un sursaut de survie mêlé à la peur, la culpabilité et l'effroi de ce qu'il adviendra. Car le calvaire ne fait que commencer. L'emprise se poursuit grâce aux procédures, aux enfants. On ne quitte pas un auteur, et on va l'apprendre à nos dépens.

J’ai cru que j’allais mourir, mourir de violence verbale, mourir par sa folie quotidienne qui me faisait douter de mon équilibre et de ma perception des faits. J’étais de plus en plus gentille et docile pour que cela passe. Il me tuait à petit feu. J’étais terrorisée et je voyais ma mort dans ses yeux. Mon cerveau était en mode survie. J’aurais pu me suicider pour me reposer, juste pour que cela s’arrête, pas pour mourir, juste pour que cela s’arrête.

Aux autorités, je souhaite dire qu'on peut tuer quelqu'un avec des mots. Il n'est pas normal qu'on puisse s'employer à détruire quelqu'un, et que l'on ne doive pas ensuite en répondre pénalement, même si les faits sont difficiles à prouver. Je souhaite aussi leur dire que ce n'est pas parce que l'on est un homme que l'on ne peut pas être victime d'une femme.

Je suis installée dans une vie qui fait rêver les autres. En public, je suis encensée par mon mari, mais dès que la porte se referme, je deviens celle qui n'est jamais comme il faut. Je m'emmure dans une pression pour atteindre cet objectif de perfection qui fera cesser les critiques, le mépris, pour arrêter ces larmes que je ne m'autorise pas. Je me cache derrière mes sourires, me persuadant et convaincant tout le monde de ma vie parfaite, de ma chance, de mon amour. Pourquoi ? Comment ai-je pu tricher ainsi avec moi-même, et avec tous ? Cela reste aujourd'hui ma plus grande interrogation.

Votre tête vous appartient, votre corps vous appartient. Personne n’a le droit de vous faire autant souffrir et de vous rendre aussi malheureux. Cet homme ou cette femme qui vous manipule, vous torture, vous tue, NE VOUS AIME PAS ! L’amour, ce n’est pas ça.

Que fait-on pour empêcher que certaines personnes deviennent de futurs bourreaux ? Rien. Quelle est cette société qui sacrifie des générations d’hommes et de femmes ? Combien de générations de victimes doit-il encore avoir avant que les consciences, l’état ne bougent ??